J’étais dans la cuisine quand ils arrivèrent. Mon oncle et ma tante, mon cousin et sa femme, têtes baissées, barbouillés d’antidépresseurs. Je ne savais que leur dire si ce n’était « Entrez je vous en prie ». Nous étions dimanche et mes parents les recevaient à déjeuner.
Tout est arrivé si vite. Il y a à peine quelques jours on entendait encore rugir le moteur de sa moto dans le jardin de grand-mère. Depuis le silence s’était installé chez elle. Tout est arrivé si vite ; il a eu un mal de tête subit, une sorte de crise névrotique, puis il est tombé. Ma grand-mère et ma tante ont accouru vers lui, il était déjà emporté par la rupture d'un vaisseau sanguin. Plus tard l’ambulance est arrivée, et l’a emporté pour de vrai. Damien mourut à l’âge de 15 ans des suites d’un accident vasculaire cérébral.
Sa famille était venue déjeuner à la maison histoire de se changer les idées, histoire que nous nous retrouvions ensemble. Je n’avais pas encore pleuré sa mort, je n’avais pas encore compris ce qui se passait au sein de notre famille. Et puis soudain j’éclatais en sanglots.
J’épluchais les légumes depuis déjà quelques minutes lorsque je fus prise d’un fort serrement de poitrine qui me força à me tordre sur moi-même. Point de couteau dans la poitrine, je pleurais, je pleurais, je pleurais, je voulais crier, mais je n’arrivais pas, j’étais emportée par des hoquets, des relents de sanglots, je tremblais, je n’arrivais pas à m’arrêter, c’était trop dur, c’était trop dur, la réalité m’avait rattrapée.
Et puis une main se posa sur mon épaule et me dit « Ce n’est rien, ça va passer ». Ma tante, sa mère, me regarda et baissa les yeux. Puis elle sourit et me pinça fermement l’épaule en signe de courage.
Puis je me suis rappelé. Je courus vers le jardin de mes parents à la recherche du petit pot de Damien. Nous avions décoré et peint un pot chacun une année, alors que nous étions plus jeunes, lors d’une session de peinture familiale. J’ai cherché parmi la vaisselle du jardin, parmi les pots de fleurs en céramiques, j’ai trouvé quelques vasques cassées, quelques pots chinois, mais pas celui de Damien. Tous ceux des autres cousins étaient présents sous mes yeux, sauf celui de Damien, disparu.
Puis je me suis rappelé. Je courus vers le jardin de mes parents à la recherche du petit pot de Damien. Nous avions décoré et peint un pot chacun une année, alors que nous étions plus jeunes, lors d’une session de peinture familiale. J’ai cherché parmi la vaisselle du jardin, parmi les pots de fleurs en céramiques, j’ai trouvé quelques vasques cassées, quelques pots chinois, mais pas celui de Damien. Tous ceux des autres cousins étaient présents sous mes yeux, sauf celui de Damien, disparu.
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