dimanche 4 avril 2010

Caroline, 2009

Je suis arrivée par la porte de derrière. En marchant dans cette maison vide, j’ai eu le sentiment d’avancer dans un espace blanc, un White cube conçu à l’échelle de mon regard. Le regard d’une jeune fille frissonnante qui pénètre une maison habituellement sienne. Je me suis senti attirée par une chambre, celle du fond du  couloir à  gauche, celle où j’ai découvert Caroline. En avançant j’ai vu un homme de dos, pull bleu à capuche bleue, pantalon velours bleu, cheveux courts noirs, et bras ballants le long du corps. Je me suis avancée, il s’est évaporé. En entrant dans cette chambre sombre, j’aperçus au fond, tout le long de la chambre, des placards en bois vernis. Une faible lumière attire mon regard par une porte entrouverte. Je pousse la porte en bois, elle coince, la lumière est de plus en plus intense, je la tire vers moi et un éboulis de terre se fait sur mes pieds. Ce que j’ai vu consistait en une toilette de faïence blanche, entourée, comme engloutie, de terre et d’herbe. L’odeur de la terre envahie mes narines, la lumière est si artificielle, blanche, écrasante, comme dans une armoire à marijuana. Je me penche et découvre des morceaux de chairs apparents. Je me penche et m’approche, je déplace un peu de terre et découvre alors la bouche et les yeux pleins de terre, le visage de Caroline. Elle était blanche, presque diaphane, les yeux ouverts, pétrifiés par une vision d’horreur. Le choc de l’étranglement, l’intensité du néon, l’odeur de la terre humide, de l’herbe arrachée, la gueule vomissant des granules et des feuilles.
Ci-gît Caroline, une cousine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire