dimanche 4 avril 2010

Claude, 2009

Je n’étais pas retourné à l’atelier depuis un moment. Tout était resté dans la pénombre.
Mes cheveux retombaient sur mes genoux et je redécouvrais ce sentiment de malaise qui m’habitait de temps à autre.

Je suis lasse de tout, je n’ai envie de rien. Je ne peux expliquer ce mal être. C’est ainsi, je ne peux pas contrôler mes angoisses, ce va et vient de dégoût sur les choses et sur les autres. J’entends un bruit. Je regarde par la fenêtre. Dehors, dans le patio, une délégation de gens avance vers ma porte, une douzaine de jésuites, avec en tête du cortège ma grand-mère Claude.
Elle est rajeunie de dix ans.
Elle vient vers moi d’un pas sur et déterminé, sourire aux lèvres, la conquérante. Elle frappe à ma porte et je n’ai nul courage de lui ouvrir tant je fais pitié à voir. J’ai honte, moi qui n’ai jamais été comme ça. Elle entre et me présente frère Petit Jean. ‘Ca va aller, tu verras, tu vas t’en sortir, mets tout entre les mains du bon Dieu’. Frère Petit Jean s’installe sur une chaise devant mon bureau d’où débordent des feuilles et des feuilles de papier. Mes dessins et mes écrits se mêlent, un désordre incroyable règne dans mes tiroirs, toutes ces choses que j’ai mises de côté depuis longtemps. ‘Ca va aller, ça va aller’ me dit-il. ‘Il faut que tu te réveilles. En ton absence je me suis permis de regarder dans tes affaires. J’ai pris le temps de lire tes écrits, de comprendre tes recherches. Un potentiel à exploiter, de l’idée à développer, du courage à retrouver.’

Je regarde au dehors par la fenêtre, ma grand-mère est là, sourire aux lèvres, me murmurant un ‘ça va aller’ réconfortant. Elle a dix ans de moins.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire