Voilà déjà deux ans que je suis en France, et je sais que je le dois au travail de mes parents. Ils habitent l’Ile Maurice depuis toujours et ont toujours voulu que mon frère et moi fassions des études dans un « grand centre ». Mon père nous avait toujours encouragés à quitter le pays, à quitter notre ile pour partir « à l’étranger ». Le moment venu, à mon tour je suis partie pour la France où j’ai commencé des études. « Les portes de l’Europe », disait mon père.
Ce que je ne savais pas c’est que mes parents s’étaient vraiment mis dans la merde pour nous.
Je ne me doutais pas qu’ils avaient des problèmes financiers, je ne savais pas qu’ils ne pouvaient assumer nos trains de vies « à la française ». Je ne savais pas non plus que mon pays était devenu une nouvelle Sicile. La Mafia s’était installée et je n’avais rien vu venir.
Ils avaient pris possession de mon père dès le début. Tout avait commencé par un petit emprunt de dix milles roupies, puis ce fut un autre de quinze milles, et puis un autre, et puis un autre, et puis un autre. Tout cela pour nous. Pour que nous ayons accès aux grandes « universités ».
Je commençais à me douter d’un problème lorsque je ne reçus pas le virement du mois de février. Pas d’argent de mes parents, pas de nouvelles non plus. Leur silence radio inhabituel.
Je ne comprenais pas.
Ce que je ne savais pas c’est que mes parents s’étaient vraiment mis dans la merde pour nous.
Je ne me doutais pas qu’ils avaient des problèmes financiers, je ne savais pas qu’ils ne pouvaient assumer nos trains de vies « à la française ». Je ne savais pas non plus que mon pays était devenu une nouvelle Sicile. La Mafia s’était installée et je n’avais rien vu venir.
Ils avaient pris possession de mon père dès le début. Tout avait commencé par un petit emprunt de dix milles roupies, puis ce fut un autre de quinze milles, et puis un autre, et puis un autre, et puis un autre. Tout cela pour nous. Pour que nous ayons accès aux grandes « universités ».
Je commençais à me douter d’un problème lorsque je ne reçus pas le virement du mois de février. Pas d’argent de mes parents, pas de nouvelles non plus. Leur silence radio inhabituel.
Je ne comprenais pas.
Puis c’est par un coup de fil que j’appris ce qui c’était passé. Mon oncle m’appela et m’appris la « mauvaise nouvelle ». Mes parents étaient allés trop loin, trop d’argent, trop de comptes, trop d’emprunts. Avant-hier soir des hommes sont arrivés et les ont surpris dans la nuit, mon père et ma mère ont pris la fuite par le jardin, puis par la rue longeant les immeubles. Pieds nus, en chemise de nuit, ils coururent, souffles entrecoupés de larmes, ils étaient poursuivis. Ils étaient pris au piège en haut d’un immeuble. Ni réfugiés ni à l’abri ils furent retrouvés et c’est face à face que les tueurs les criblèrent de balles. J’entendis le chant des mitraillettes, je vis la lente chute de leurs corps dans le vide, les tissus de leurs chemises trouées et perlées de sang, mon Dieu la lenteur de leur chute. Le lendemain leurs deux corps gisaient sur le trottoir d’en bas.
A partir de ce moment, je vis Rouge.
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